Si on aime chanter, on ne peut qu’aimer également la musique, l’un n’allant pas sans l’autre.
Peut être ai-je hérité d’un petit côté paternel ? papa jouait de l’harmonica, de l’accordéon autrefois. Dans sa jeunesse, avec ses frères, ils animaient des bals de quartiers parfois et participaient à des concours de chansons. Il n’a aucune notion musicale et jouait à sa façon et à l’oreille. Il avait bien pris quelques cours de solfège mais au grand désespoir de son professeur. L’âge venant il a cessé de jouer, ce qui est bien dommage, mais il a toujours des chansons aux lèvres, qu’il interprète toujours à sa façon.
Peut-être ai-je hérité d’un petit côté maternel ? maman, enfant, aimait beaucoup la musique et rêvait de jouer du violon. Hélas, la guerre qui s’abattait sur notre Normandie, lui ôtant un jour l’audition, l’a privée de ses espoirs. Aurait-elle été une bonne musicienne, aurait-elle eu une jolie voix, nous ne le saurons jamais, ni elle, ni moi. Malgré cela, elle aime à regarder, au nouvel an, le concert philharmonique diffusé à la télévision et s’imagine la musique en suivant la gestuelle des musiciens et du chef.
Je dois reconnaître que les cours de musique du lycée (collège maintenant) ne me passionnaient guère quand il fallait apprendre l’histoire de la musique. Comme tous les élèves d’alors et d’aujourd’hui, j’ai eu droit aux cours de flûte à bec (un peu cacophoniques), ce qui me plaisait un peu plus. C’était un peu moins du goût de mon frère à qui je cassais les oreilles à la maison et à mon chien qui m’accompagnait gaiement dès que je commençais à jouer.
Mais ma première attirance avec le chant et la musique remonte encore deux ans auparavant alors que j’étais en CM1/2. J’y avais à ce moment une institutrice qui avait été aussi ma première maîtresse en CP et que j’aimais beaucoup : Mme Blanfunay : je me la rappelle vêtue de sa blouse grise, mince, aux cheveux grisonnants, douce, calme et patiente, attentive à ses élèves, pleine de gentillesse, souriante et qui savait nous faire aimer ce qu’elle nous apprenait.
Tous les 15 jours (si je me souviens bien, c’était le mardi après-midi vers 15h), après avoir demandé le silence, elle allumait le poste radio qui trônait sur une étagère et sur lequel était diffusées, (sur France Musique ou France Culture ?) des séances de chants pour les écoles. Bras croisés sur nos bureaux, nous écoutions religieusement, et reprenions en choeur phrase à phrase avec notre instit, sous la direction de « Mr Radio ». Le temps passait vite (cela devait durer ¾ d’heure-1 heure). C’est à cette occasion que j’ai appris la 5° et 9° symphonie de Beethoven (à cette période s’appelait « Hymne à l’universelle humanité« , qui est devenue l’hymne européen), chants que j’ai adorés et que je n’ai jamais oublié tout à fait.
Si je ne n’ai jamais pu prendre de cours de musique, chanter fait partie de moi. Quand je dis « chanter » c’est comme tout le monde ; je n’ai pas une voix exceptionnelle ; je chantonne. A cette époque, nous n’avions pas encore la télévision, nous étions « poste TSF » et nous écoutions tous les radios-crochets, hit- parades journaliers afin de suivre le classement des derniers tubes sortis. Un peu plus ados, quand nous avions un peu d’argent dans notre tirelire, nous allions, à l’occasion, chez le disquaire (ça existait au 20° siècle) nous offrir un disque 33 ou 45 tours. J’en ai encore un carton plein qui sommeille au grenier.
A la maison, il y avait un « tourne-disques » (platine de nos jours) qui était rarement sans tourner, papa écoutant régulièrement sa collection. Ce n’était pas le son des platines de maintenant, cela grésillait toujours un peu, les disques se rayaient, les « saphirs » (petite pointe qui lisait les sillons du disque) se cassaient. J’ai grandi au son de Tino Rossi, Vincent Scotto, Luis Mariano, Berthe Sylva, sans oublier Verchuren, Y. Horner, etc… jusqu’aux nouvelles chansons « Age tendre et tête de bois » qui peu à peu ont envahi la maison avec Clo-clo, Sheila, S.Lama, M.Sardou, S. Vartan, J. Halliday, A. Barrière, Adamo, S. Regiani, et j’en passe…
J’ai rempli des pages et des pages de cahiers à copier les paroles des chansons que j’écoutais en boucle, ainsi que celles de mon père. Je dois encore en avoir quelque part bien rangés au fond d’un carton, ainsi que des disques.
Mes enfants ont grandi eux au son de la platine puis des CD et DVD, des MP 3; à chacun son époque. Cours de piano (mais pas de place pour mettre un piano à la maison à ce moment) cours de guitare sèche, cours de flûte mais aucun n’a poursuivi, pour des raisons diverses, au delà de 2 ou 3 ans.
Toujours une chanson en tête, le temps a passé…
L’envie de pianoter autrement que sur un piano jouet et à un doigt a ressurgi peu après la retraite de mon mari, quand, grâce à une voisine qui est devenue une amie très chère (Madou) j’ai intégré la chorale locale en 2004 : L’envie de jouer les chants appris, les chansons que j’aime bien, me taquinait.
Comment peut-on bien jouer cette deuxième ligne d’une partition, et avec cette clé de fa à quoi correspondent les notes ? autant de questions de bases qui m’intriguaient. Depuis Internet s’était installé et j’allais y chercher les réponses à mes interrogations, mais en pratique, cela ne me donnait pas grand chose.
Je découvris alors deux écoles de musique sur Sévérac : l’antenne départementale de musique et une école privée. J’y vais, je n’y vais pas….
En 2006, je me jette à l’eau et je prends contact avec Emilyia A., professeur de piano à l’école de musique Virtuose de Sévérac le Château.
Mon mari m’offre un piano de meilleure qualité que le « jouet » que j’avais et qui n’avait pas un son très mélodieux.
Je vais essayer de m’améliorer durant 5 ans, mais constatant mon peu d’évolution, je vais abandonner en 2011. Je dois reconnaître que, prise par maintes choses, je ne m’entraînais pas suffisamment à la maison. Or, je sais pertinemment que pour progresser il faut être rigoureux et s’astreindre à une pratique régulière. J’en suis donc restée au stade de première débutante qui ne fait que pianoter laborieusement.
Je m’y remets de temps en temps, avec des chansons que je connais, en version simplifiée. Mais je m’y astreins encore insuffisamment. Entre temps j’ai récupéré les partitions de papa, d’autres qui me plaisaient par contact internet, jusqu’à avoir une jolie collection que je partage sur des sites de musique. Bien que je sois incapable de jouer la moitié de ces mélodies, ces échanges me donnent l’occasion de rencontres sympathiques, parfois surprenantes et toujours riches en contacts humains.
Côté solfège, j’ai bien retrouvé toutes les notions de bases apprises à l’école, appris quelques autres choses, mais pas de quoi faire de moi une musicienne accomplie. Je me plais quand même à retranscrire des partitions, lorsqu’elles sont trop « sales » ou mal scannées avec un logiciel gratuit « musescore » qui me permet d’entretenir mes quelques notions musicales.
Avec un petit effort, arriverais-je un jour à faire quelques progrès ? Mais comme on le dit souvent : l’essentiel, c’est de se faire plaisir.
Et je me fais plaisir lorsque je pianote et quand je chante.